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Marseille en grand : la Cour des comptes relève les faiblesses du plan voulu par Emmanuel Macron

Deux ans et demi après son lancement par Emmanuel Macron, le plan « Marseille en grand » est sous la loupe de la Cour des comptes et de sa chambre régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur (CRC). Leur rapport provisoire pour la période 2021-2023, dans le cadre de leur mission d’évaluation des politiques publiques, en dresse un tableau très éloigné de l’habituelle communication gouvernementale. Le document ne devait pas être rendu public avant juin et l’ajout des remarques contradictoires des services de l’Etat et des collectivités concernées. Mais il a fuité, jeudi 29 février, sur le site d’investigation Marsactu, provoquant la réaction de la préfecture des Bouches-du-Rhône, qui en a rappelé le caractère « provisoire et confidentiel ».
Dans ce rapport de 144 pages auquel s’ajoutent quelques annexes, que Le Monde a consulté, l’instance analyse minutieusement l’ensemble des volets de ce plan présenté par l’exécutif comme « historique » et en relève les nombreuses faiblesses, tant dans sa conception, son organisation, que dans ses avancées. « “Marseille en grand” souffre d’un défaut majeur de formalisation », insiste la Cour des comptes, qui s’étonne que le contenu d’une opération dont le financement atteint, selon l’Etat, 5 milliards d’euros « ne s’appuie sur aucun autre document que la transcription du discours par lequel le président de la République l’annonce ».
Ce discours, prononcé le 21 septembre 2021 et dont le contenu final n’était connu que de la garde rapprochée d’Emmanuel Macron, a, selon les juges, été précédé d’une « gestation rapide » de moins d’un semestre. Une mise en place accélérée qui n’a pas permis, écrivent-ils, une « association préalable suffisante des administrations déconcentrées de l’Etat, des collectivités territoriales et de la population ».
Imaginé par le président de la République pour combler les retards en matière de logement, d’éducation, de transports publics ou de sécurité dans la deuxième ville de France – que les communicants élyséens présentent comme la « ville de cœur » d’Emmanuel Macron –, « Marseille en grand » est décrit dans le rapport comme un « catalogue de mesures » qui « n’est pas porteur d’une vision cohérente et intégrée du développement du territoire ». « Les actions proposées, si elles présentent une pertinence, ne constituent pas une réponse globale et systémique aux enjeux locaux », poursuivent les magistrats.
Près de trente mois après son démarrage, ils recommandent donc de « doter le plan d’un cadre contractuel définissant ses périmètres, ses objectifs, ses calendriers et ses méthodes de mise en œuvre ». Notant que, jusqu’alors, les tentatives de contractualisation portées par l’Etat « se sont heurtées à la réticence des collectivités territoriales ». La Cour des comptes se montre également sévère envers la gouvernance et les moyens humains mis en place par l’Etat pour le suivi du plan : « [Ils] ne sont pas à la hauteur des enjeux et peuvent être qualifiés d’indigents. »
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